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L’analyse de la situation actuelle du secteur automobile en Europe est pleine de nuances. En effet, malgré une baisse du chiffre d’affaires total, les résultats nets sont surprenants. Les constructeurs automobiles implantés en France ont clôturé l’année 2024 avec un bénéfice historique, doublant celui atteint en 2023.

Le paradoxe est évident : dans un marché marqué par des tensions géopolitiques, des changements réglementaires constants et un environnement économique complexe, l’industrie semble avoir démontré une capacité remarquable à maintenir sa rentabilité.

Une baisse des revenus qui n’a pas empêché des bénéfices records

En 2024, le chiffre d’affaires du secteur automobile en France a baissé de 2 %, pour s’établir à environ 76 milliards d’euros. Cette baisse s’explique principalement par la baisse de la production dans les usines due à la faible demande européenne et au lent décollage de la voiture électrique. Malgré cela, les constructeurs automobiles ont réalisé plus de 2 milliards d’euros de bénéfices, doublant les résultats de l’année précédente.

Ce succès s’explique par une amélioration de l’efficacité des usines, des ajustements de personnel, une réduction de certaines dépenses et une augmentation du prix moyen des véhicules vendus.

Des facteurs extraordinaires ont également joué un rôle, tels que les effets comparatifs avec les exercices précédents, au cours desquels certaines filiales ont enregistré des pertes qui se sont transformées en bénéfices en 2024.

Le rôle de Stellantis et Volkswagen

Stellantis a été le principal moteur de la croissance de la rentabilité. Avec des usines à Sochaux et Sausheim, elle a atteint près d’un million de véhicules fabriqués. Son bénéfice a dépassé les 730 millions d’euros, en grande partie grâce à la reprise de sa filiale argentine, qui avait pesé sur les comptes en 2023 avec des pertes importantes. Toutefois, son chiffre d’affaires a baissé de 6,5 %, pour atteindre 15,5 milliards, ce qui reflète la complexité de l’environnement.

Volkswagen, quant à lui, s’est consolidé comme le groupe ayant le plus gros chiffre d’affaires en France, dépassant les 22,7 milliards d’euros et creusant l’écart avec ses concurrents. La dynamique de Peugeot, qui a généré plus de 548 millions de bénéfices, a été déterminante pour le groupe allemand. Le poids de cette entreprise sur l’économie nationale reste considérable, réaffirmant l’importance du secteur automobile en tant qu’élément clé du PIB.

Ford, Renault et Iveco améliorent leur rentabilité

Ford a connu une reprise notable, réalisant un bénéfice de plus de 236 millions d’euros, contre 64 millions en 2023. La confirmation de la production d’un nouveau modèle multienergy pour 2027 a apporté une stabilité à son activité à Valence.

Grâce à son plan stratégique Renaulution, le groupe Renault a également augmenté ses bénéfices de 50 %, pour atteindre 115 millions d’euros, en s’appuyant sur une amélioration des marges et une stratégie produit plus rentable.

Iveco, quant à lui, a connu l’un des revirements les plus spectaculaires : après avoir enregistré des pertes, il a clôturé l’année avec plus de 100 millions d’euros de bénéfices, grâce notamment à la reprise de sa filiale en Argentine.

Les nouveaux acteurs du marché

La présence des constructeurs asiatiques et des nouvelles marques continue de croître. SAIC Motor, par l’intermédiaire de MG, a doublé son bénéfice pour atteindre 15 millions d’euros après avoir réalisé un chiffre d’affaires de 540 millions en France, confirmant ainsi le bon accueil réservé à ses modèles. Suzuki, malgré une part de marché moindre, a enregistré un bénéfice solide de 6,9 millions avec un chiffre d’affaires de 165 millions. Tesla, quant à lui, a atteint des chiffres records, reflétant la demande croissante de véhicules électriques.

Le secteur automobile est en pleine transformation. La voiture électrique reste un défi en termes de demande, de coûts et de réglementation, mais de plus en plus d’entreprises se tournent vers cette technologie. Pendant ce temps, les constructeurs automobiles tentent d’équilibrer leur transition vers une mobilité durable sans compromettre leur rentabilité.

Mais qu’en est-il en Europe ?

Au-delà du marché français, l’Europe traverse une période de grande incertitude. Les prix élevés de l’énergie, les salaires élevés et une inflation persistante nuisent à sa compétitivité par rapport à la Chine et aux États-Unis. Le PDG de Valeo, Christophe Périllat, a lui-même souligné que depuis 2020, le continent a perdu 25 % de sa compétitivité par rapport au géant asiatique.

Cette situation conduit de grands groupes tels que Volkswagen et Ford à envisager des fermetures d’usines et des réductions d’effectifs. Les syndicats alertent sur le fait que la transition vers la voiture électrique pourrait détruire des milliers d’emplois traditionnels, déplaçant le travail vers des domaines plus techniques et spécialisés. En France, où le secteur automobile représente 1 % du PIB, ce risque prend une dimension plus importante.

Un avenir avec des zones d’ombre et de lumière

L’année 2024 a clairement montré que la rentabilité ne va pas toujours de pair avec le chiffre d’affaires. Les constructeurs automobiles ont su s’adapter et trouver des formules pour maintenir des résultats positifs dans un environnement défavorable.

L’amélioration des marges, le contrôle des coûts de production et la capacité à tirer parti des changements conjoncturels expliquent en partie ce succès, mais celui-ci se maintiendra-t-il en 2025 ?

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