L’investissement immobilier connaît depuis quelques années une mutation profonde, portée par l’émergence des cryptomonnaies. Longtemps perçues comme volatiles et spéculatives, ces dernières s’installent désormais dans des transactions patrimoniales d’envergure, y compris dans l’immobilier résidentiel ou commercial. Cette nouvelle modalité d’acquisition, encore marginale, mais en croissance constante, soulève des interrogations d’ordre juridique. Fiscalité, transparence de l’origine des fonds, encadrement professionnel et cadre réglementaire mouvant, chaque étape nécessite une vigilance particulière. Quels sont les aspects légaux d’un tel investissement ?D’où vient l’essor de l’investissement immobilier en cryptomonnaies ?
Cette tendance trouve ses racines dans plusieurs facteurs convergents qui témoignent d’un changement dans les pratiques financières. Elle résulte principalement de l’évolution rapide du marché des monnaies numériques, ainsi que des opportunités qu’elles offrent pour diversifier les portefeuilles. Le Bitcoin, introduit en 2009, a été le premier exemple d’actif, attirant une nouvelle génération d’investisseurs intéressés par des alternatives aux placements traditionnels. Au fil des années, d’autres cryptomonnaies ont émergé, renforçant la légitimité de ces pièces et leur adoption dans divers secteurs, dont l’immobilier.
L’un des points clés de cet essor réside dans la possibilité d’effectuer des opérations transfrontalières, en contournant les frais bancaires et les limites imposées par les institutions classiques. Les investisseurs, y compris ceux des pays où l’accès au crédit est difficile, peuvent réaliser des achats immobiliers à l’étranger avec plus de flexibilité. La transparence et la sécurité offertes par la technologie blockchain, sous-jacente aux monnaies numériques, rendent par ailleurs ces transactions particulièrement attrayantes. Celles-ci sont cependant soumises à un cadre réglementaire strict qui varie d’un pays à un autre. Pour connaître la réglementation de l’achat immobilier en crypto, n’hésitez pas à contacter un cabinet d’avocats ou à faire des recherches sur des sites spécialisés.

Les obligations fiscales liées à un achat immobilier en crypto
Acquérir un bien immobilier en France avec des cryptomonnaies n’exonère en aucun cas l’acheteur de ses responsabilités fiscales. Même si le paiement s’effectue en actifs numériques, l’opération est régie par les mêmes règles qu’une transaction classique en euros. Avant de concrétiser l’acquisition, l’investisseur doit en général convertir ses cryptoactifs en monnaie fiduciaire. Cette conversion est considérée comme une cession imposable, susceptible de générer une plus-value taxée à 30 %, selon le régime fiscal applicable aux particuliers (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
Vous devez par ailleurs être en mesure de prouver l’origine des fonds employés. Vous avez l’obligation de conserver les justificatifs des opérations réalisées sur les sites d’échange et les relevés attestant des mouvements de capitaux. Ces documents seront essentiels en cas de contrôle des autorités. Toute personne physique domiciliée en France doit de même déclarer les comptes ouverts sur des plateformes étrangères via le formulaire n°3916-bis. L’omission de cette formalité peut entraîner des pénalités lourdes, voire des sanctions pénales dans certains cas. L’acquisition immobilière donne lieu au paiement des droits de mutation, calculés sur la valeur vénale du bien, exprimée en euros. La cryptomonnaie utilisée doit donc être valorisée avec précision au jour de la transaction, ce qui suppose une conversion rigoureuse.
Sécurisez l’origine des fonds pour éviter tout risque de blanchiment
En raison de leur nature décentralisée et de l’anonymat qui peut y être associé, les cryptoactifs sont parfois perçus comme un vecteur potentiel de blanchiment de fonds illicites. Pour cette raison, les autorités fiscales et les régulateurs imposent des standards. Par exemple, les plateformes et les prestataires de services impliqués dans une opération immobilière en cryptomonnaie sont tenus de respecter les procédures de connaissance du client (KYC). Ces mesures obligent les parties prenantes à vérifier l’identité de celui avec qui elles veulent collaborer avant de procéder à une transaction.
Cette vérification inclut généralement la collecte de documents officiels (une pièce d’identité et une preuve de domicile) pour confirmer que les capitaux utilisés proviennent de sources légales. Le non-respect de ces obligations peut exposer les investisseurs et les intermédiaires à des sanctions sévères. Lors de l’acquisition d’un bien, les notaires ou les avocats contrôlent de façon approfondie les justificatifs : historique des portefeuilles, sites d’échange, etc.
L’acheteur doit donc anticiper cette exigence documentaire et être en mesure de produire des preuves précises telles que des relevés de compte issus d’exchanges régulés, des attestations, des captures d’écran horodatées ou même des audits blockchain dans les cas complexes. À défaut, la transaction peut être suspendue, voire refusée, en cas de suspicion de blanchiment. Pour sécuriser vos achats, il est fortement recommandé de passer par une plateforme d’échange agréée par l’Autorité des marchés financiers (AMF) afin de garantir la transparence.

Quels professionnels pour encadrer juridiquement votre acquisition ?
Le notaire reste l’acteur central de toute acquisition immobilière. Il authentifie les documents de vente, vérifie la conformité du bien, s’assure de l’absence d’hypothèque et supervise le transfert de propriété. Dans le cas d’un paiement en cryptomonnaie, son rôle s’étend à la vérification de la valeur réelle des fonds, et à leur conversion en monnaie fiduciaire si cela est nécessaire. Faire appel à un avocat est aussi conseillé. Il intervient pour encadrer juridiquement l’ensemble de la transaction. Il analyse ses implications au regard du droit applicable, examine la validité des clauses contractuelles et identifie les éventuels risques juridiques, notamment ceux liés à la volatilité des cryptoactifs ou à la provenance des capitaux. Il rédige ou adapte les actes légaux en intégrant des garanties spécifiques sur les modalités de conversion. Il veille de plus à la conformité de l’opération avec la réglementation sur la lutte contre le blanchiment, en lien avec les obligations KYC/AML.
En plus de cela, la présence des agents immobiliers peut être utile. Bien que tous ces acteurs ne soient pas familiers avec les spécificités des cryptomonnaies, certains développent une expertise dans ce domaine pour accompagner les vendeurs et les acheteurs tout au long du processus. Leur mission consiste à évaluer la faisabilité de la transaction, repérer les prestataires compatibles avec ce type de paiement et faciliter la communication entre les différents intervenants. L’implication d’un expert-comptable ou d’un conseiller fiscal est par ailleurs bénéfique. Ces professionnels examinent les conséquences fiscales liées à la conversion d’actifs numériques, à la plus-value générée et à l’achat immobilier lui-même. En amont de l’acquisition, ils peuvent également proposer des stratégies d’optimisation fiscale selon la législation en vigueur.