L’indivision successorale survient lorsque plusieurs héritiers deviennent propriétaires collectifs d’un patrimoine après le décès d’un proche.
Cette situation peut engendrer des difficultés et des tensions entre les indivisaires.
Heureusement, le droit français prévoit plusieurs options pour sortir de l’indivision et éviter les blocages.
Les fondements juridiques de l’indivision successorale
Définition et cadre légal

L’indivision successorale désigne le régime juridique qui s’applique immédiatement après l’ouverture d’une succession. Les biens du défunt deviennent la propriété commune de tous les héritiers, à parts égales. Ce mécanisme trouve son origine dans la volonté historique d’éviter les conflits liés aux successions complexes.
L’article 815 du Code civil pose le principe fondamental selon lequel nul ne peut être contraint à demeurer dans l’indivision. Chaque indivisaire dispose donc du droit de demander le partage à tout moment, sauf convention ou jugement contraire. Un avocat succession peut accompagner les héritiers dans cette démarche délicate.
Droits et obligations des indivisaires
Pendant la période d’indivision, chaque héritier détient une quote-part abstraite du patrimoine successoral. Il peut exercer les prérogatives d’un propriétaire sur cette quote-part, dans la limite des droits identiques des autres indivisaires. Les décisions importantes concernant les biens indivis nécessitent généralement l’accord de tous les co-indivisaires.
La vente des parts à un autre héritier comme solution rapide
Avantages de la cession interne

La vente de ses droits à un autre héritier constitue souvent la solution la plus simple pour sortir rapidement de l’indivision. Cette option présente plusieurs avantages. Elle ne nécessite pas l’agrément des autres indivisaires, contrairement à une vente à un tiers. De plus, elle peut contribuer à apaiser les tensions familiales en maintenant le patrimoine au sein du cercle des héritiers.
Précautions à prendre
Malgré sa simplicité apparente, la cession de parts entre héritiers comporte certains risques. L’évaluation précise de la valeur des biens indivis et des quotes-parts s’avère cruciale pour éviter tout litige ultérieur. Le recours à un expert indépendant peut s’avérer judicieux pour établir une estimation objective.
Avantages | Inconvénients |
---|---|
Rapidité | Risque de sous-évaluation |
Pas d’agrément nécessaire | Potentielles tensions familiales |
Maintien du patrimoine dans la famille | Complexité de l’évaluation des parts |
Le partage amiable entre indivisaires
Principes du partage amiable
Le partage amiable représente la solution idéale pour mettre fin à l’indivision de manière consensuelle. Il permet aux héritiers de s’accorder librement sur la répartition des biens, sans intervention judiciaire. Cette option offre une grande flexibilité et préserve généralement les relations familiales.
L’article 835 du Code civil encadre le partage amiable. Il précise que tous les indivisaires doivent être présents et capables pour y procéder. Lorsque l’indivision porte sur des biens soumis à publicité foncière, l’acte de partage doit être établi par un notaire.
Étapes du partage amiable
Le processus de partage amiable comprend plusieurs étapes essentielles :
- Inventaire complet des biens de la succession
- Évaluation précise de chaque bien
- Négociation entre les héritiers pour la répartition
- Rédaction d’un projet d’acte de partage
- Signature de l’acte définitif devant notaire
La présence d’un médiateur ou d’un notaire peut grandement faciliter les discussions et la recherche d’un accord équitable entre les indivisaires. Leur expertise permet souvent d’éviter les blocages et de trouver des solutions créatives satisfaisant toutes les parties.
Le recours au partage judiciaire en cas de désaccord
Conditions du partage judiciaire
Lorsque le partage amiable s’avère impossible, le recours au partage judiciaire devient nécessaire. L’article 840 du Code civil prévoit cette option en cas de refus d’un indivisaire de consentir au partage amiable ou de contestations sur ses modalités. Le tribunal judiciaire devient alors compétent pour ordonner et organiser le partage.
La procédure de partage judiciaire débute par le dépôt d’une assignation auprès du tribunal. Ce document doit contenir un descriptif sommaire des biens à partager et exposer les raisons de l’échec du partage amiable. L’assistance d’un avocat spécialisé s’avère précieuse pour mener à bien cette démarche complexe.
Déroulement de la procédure
Le partage judiciaire se déroule en plusieurs phases :
- Désignation d’un notaire par le tribunal pour dresser l’inventaire
- Évaluation des biens par des experts judiciaires
- Composition des lots par le notaire
- Tirage au sort des lots, sauf attribution préférentielle
- Jugement d’homologation du partage par le tribunal
Le juge dispose d’un large pouvoir d’appréciation pour trancher les litiges et imposer une solution équitable. Il peut notamment ordonner la vente aux enchères de certains biens si leur partage en nature s’avère impossible ou préjudiciable.

Les droits de préemption lors de la cession à un tiers
Mécanisme du droit de préemption
La cession de droits indivis à un tiers extérieur à l’indivision fait l’objet d’un encadrement légal strict. L’article 815-14 du Code civil instaure un droit de préemption au profit des autres indivisaires. Ce mécanisme vise à préserver l’intégrité du patrimoine familial et à éviter l’intrusion d’étrangers dans l’indivision.
Concrètement, l’indivisaire souhaitant vendre ses droits à un tiers doit notifier son projet aux autres héritiers par acte extrajudiciaire. Cette notification doit préciser le prix, les conditions de la cession et l’identité de l’acquéreur potentiel.
Exercice du droit de préemption
Les co-indivisaires disposent d’un délai d’un mois à compter de la notification pour exercer leur droit de préemption. S’ils décident de préempter, ils doivent acquérir les parts aux conditions notifiées. En cas de préemption par plusieurs indivisaires, ils sont réputés acquérir ensemble la portion mise en vente, proportionnellement à leurs droits dans l’indivision.
L’exercice du droit de préemption doit être formalisé par acte extrajudiciaire. Une fois la préemption exercée, l’indivisaire préempteur dispose de deux mois pour réaliser la vente. À défaut, sa déclaration de préemption devient caduque, ouvrant la voie à la cession au tiers initialement pressenti.